Oppidum du Trinchî
La guerre des Gaules a aussi laissé des traces dans notre région. C'est le cas à Cugnon où subsistent encore maintenant des traces de cette occupation romaine. Il semble toutefois que ce camp existait déjà préalablement mais ce sont les Romains qui vont le développer et le fortifier.
On attribue l'occupation de ce lieu de l'extrême fin de la Tène (Second âge de fer) au début de la conquête romain (premier siècle avant Jésus Christ). Il est vraisemblable que ce camp fut réoccupé par les Romains après la conquête de la région en 57 avant Jésus-Christ. Le rempart sud de ce camp fut reconstitué lors des travaux effectués par le Service national des Fouilles de 1976 à 1978.
De grands travaux furent nécessaires pour fortifier convenablement la place. Une dépression naturelle large de 100 m, appelée le «Trinchi» ou fossé, barre l'accès. La crête qui lui est parallèle fut coiffée d'une importante levée de terre, de même que les murs de barrage furent construits à l'ouest et au nord. Le rempart sud, long de 108 m, fut construit par 3 fois. L'entrée située au sud-ouest, large de 6,50 m est formé d'un retour de 4 pieux plus importants dans l'épaisseur du rempart. Ce rempart est une version améliorée de ceux qui sont élevés au refuge de Kelheim (Allemagne) et de Manching (Allemagne) datés tous deux de l'époque gauloise appelée « La tène finale ( 120-58 avant notre ère).
Ce camp, de 600 m de longueur et d'une largeur moyenne de 100 m, protégé sur les flancs est et ouest par des à pics vertigineux, pouvait abriter une légion romaine de 4.000 hommes dans son enceinte de 6 ha 25.
L'importance stratégique du lieu est liée à la proximité du diverticulum de la chaussée romaine Reims-Trèves.
Au départ d'Yvois (devenu Carignan en 1657), la chaussée passait par Muno ou Grand-Hez, les Quatre Chemins où elle se joignait au chemin de Mortehan, venant de Sedan. De là, elle longeait le plateau culminant à 430 m d'altitude, au P'tit Bon Dieu, séparant la propriété communale de Pourru au Bois (France), de celle de Bouillon. Elle longe ensuite le ruisseau de Parfonru et atteint le gué, proche de l'embouchure, qui fut protégé au XVIIème siècle par une redoute voulue par Louis XIV dans son système de défense de la Semois. Elle emprunte alors le "sentier des Moines" pour arriver à Thibeauroche puis aux Trinchis avant de se glisser lentement vers la Semois qu'elle traverse au Gué la Tour, dit aussi Gué de la Forteresse.
C'est ici que chaque été la commune de Bertrix remonte des passerelles, si chères aux touristes. Un natif du coin, Jean-Paul Wuyts, prétend que c'est dans ce gué que Labienus, lieutenant de César, aurait combattu victorieusement le chef trévire, Indutiomar.